Les gajaks sont omniprésents dans la vie de tout Mauricien. Ce terme générique, que l’on pourrait traduire par “amuse-bouche”, englobe une multitude de petits mets savoureux que l’on grignote avec délectation dans tous les foyers de l'île.
Nul Mauricien ne peut vivre sans gajak. Que ce soit le soir avant le traditionnel repas familial, sur une plage de sable fin, avec un petit verre de rhum sous la varangue de la boutique du coin ou devant un match de foot anglais, à Maurice, le gajak est roi. Ce qui tombe plutôt bien, car le Mauricien adore grignoter!
Le terme gajak nous vient du Nord de l’Inde, où il désigne un petit gâteau sucré fait à base de graines de sésame ou de cacahuètes. Cette petite douceur très populaire est cuite durant plus de 10 heures dans un sirop de sucre de canne. On en consomme également à Maurice, surtout dans les familles d’origine hindoue.
Cependant, le gajak à la mauricienne diffère quelque peu de son ancêtre indien. En effet, probablement par assimilation, le gajak désigne à Maurice une pléthore d’amuse-bouche de différentes origines et compositions. Il s’agit généralement d’un hors-d’œuvre salé que l’on avale en une seule bouchée, un peu à la manière des tapas espagnoles.
Ainsi, les fameux samoussas et gâteaux piment font partie de la grande famille des gajaks, tout comme les “baton fromaz”, les “moolkoo” (sortes de petits bretzels), les « pistaches » (cacahuètes) bouillies, les gâteaux “brinzel” (beignets d’aubergine), les hakiens chinois, ou encore les “dipain frire” (tranches de pain frit), pour n’en citer que quelques-uns. La palme du nom le plus improbable revient aux “cacas pigeon”, sortes de petits bâtonnets de farine frits accompagnés de quelques pistaches et de feuilles séchées de caripoulé.
D’origines multiples, ces hors-d’œuvre peuvent être préparés de différentes manières, mais la plupart d’entre eux sont frits dans de l’huile… Ils doivent en effet généralement être “cram-cram” expression bien mauricienne qui veut dire “croquants”! On en achète souvent dans la tabagie (boutique) du coin, emballés dans des sachets plastifiés, mais les meilleurs sont bien évidemment faits maison, ce qui est de nos jours de plus en plus rare.
Un bon gajak peut aussi être fait à partir de produits de la mer, à l’image de succulentes “pattes” d’ourite (poulpe) safranées, d’un poisson frit que l’on picore à la main (cordonnier, licorne, vieille rouge, rouget…), de coquillages tels que les tecs-tecs (tellines) ou les “bétails”, ou encore de quelques anneaux de “mourgate” (encorné) que l’on déguste avec une sauce d’ail pimentée… Dans ces cas, on parle bien souvent de “gajak soular”, car ils donnent soif et on les consomme en buvant un verre avec quelques amis (bière, rhum ou “vin” local...).
La popularité des gajaks est si grande qu’elle a donné naissance à une expression typique créole. En effet, “enn gajak” peut aussi désigner en créole un labeur facile à réaliser. En Français, on pourrait traduire par “c’est du gâteau!”
Photo en tête d’article : Assortiment de gajaks typiquement mauriciens: caca pigeon, cacahuètes grillées, moolkoo, grams.