Le nouveau président de l’Association des hôteliers et restaurateurs de l’île Maurice (Ahrim), Gregory de Clerck, directeur général du Touessrok et directeur des opérations de Sun Resorts, est un homme résolumment optimiste et qui a foi dans l’avenir du tourisme. Tout en accueillant cette nomination avec humilité, il affirme sa volonté de vouloir travailler dans le consensus. Il est persuadé que les efforts consentis de part et d’autres pour vendre la destination vont dans le bon sens même s’il compte œuvrer pour améliorer la promotion de la destination qui reste très forte en raison de son accueil chaleureux et de l’excellence du service.
Gregory de Clerck, quel est votre sentiment après votre élection à la présidence de l’Ahrim?
C’est un honneur d’abord. Je prends la tâche avec toute la positivité qui se doit. Je sais que ce ne sera pas toujours facile mais si on arrive à trouver un mécanisme de collaboration et de bonne entente je pense que l’on peut mener à bien le travail et le support que l’Ahrim se doit d’avoir avec les hôteliers et les institutions gouvernementales. Il faut travailler main dans la main pour arriver à une grande réussite.
Est-ce que, à valeur du jour, vous sentez qu’il y a cette synergie entre les différents partenaires hôteliers très variés, d’une part et les autorités, d’autre part ?
Je pense qu’il y a une bonne base. C’est vrai que le portefeuille hôtelier est très diversifié et moi personnellement je vois ça comme une richesse pour la destination. Il y a, heureusement, de temps en temps des désaccords mais en sortant justement d’un désaccord on arrive à trouver un accord. Au moins cela permet aux gens de dialoguer, de se rencontrer et de se connaître. Il faut être à l’écoute de tout le monde, petits hôteliers, responsables de grands groupes. C’est justement ce consensus qu’on essaye de trouver afin de mener à bien le projet de l’Ahrim avec la collaboration de l’Office du Tourisme, de la Tourism Authority, les compagnies aériennes et du ministère de tutelle, entre autres.
Quelles seront vos priorités pour cet immense chantier qui vous attend ?
L’agenda devrait être fixé à la prochaine réunion du 9 juillet (ndlr : cette interview a été réalisée le 30 juin). Mais unanimement, notre priorité c’est vraiment de communiquer dans un sens, de collaborer et de promouvoir Maurice telle qu’elle est devenue avec sa diversité totale et exemplaire.
Êtes–vous satisfait de la façon dont la destination est promue que ce soit au niveau des hôtels ou des autorités ?
Déjà, ce n’est pas à moi de critiquer la façon dont les hôteliers vendent leurs produits mais je pense qu’il y a une cohérence de vouloir bien faire de tout le monde. Autrement, les hôteliers n’auraient pas pu avoir le soutien des investisseurs, ni les conseils individuels pour mener à bien leurs entreprises. Je pense que cela part dans la bonne direction. Tout le monde sait désormais que nous devons vendre autrement Maurice que ce qui se faisait il y quelques années.
Au niveau de l’Ahrim, comment jugez-vous les forces et les faiblesses de l’association ?
Je suis à l’Ahrim depuis mon arrivée à Maurice, il y a maintenant trois ans et je dois dire qu’il y beaucoup d’efforts qui ont été faits que ce soit de l’ancien président François Eynaud, de Jean-Jacques Vallet, du CEO, Jocelyn Kwok ou de son prédécesseur Patrice Legris. Ils ont mené et continuent aujourd’hui, à l’Ahrim où dans leurs entreprises respectives, de faire de grands efforts pour essayer de trouver cet équilibre dans les activités touristiques de Maurice que ce soit dans le secteur aérien, hôtelier ou encore les activités informelles et para-hôtelières. Je verrai avec le conseil si nous pouvons unir toutes ces forces et définir un chemin additionnel pour les agences de promotion de Maurice.
Le plus ancien groupe hôtelier de Maurice, Beachcomber, reste toujours en dehors de l’association. Comptez-vous essayer de le ramener au sein de l’Ahrim ?
Je sais que François Eynaud a eu de très bonnes discussions avec eux. Personnellement je n’ai pas encore eu l’opportunité de parler avec les responsables du groupe. De toute façon cela fera partie de la continuité d’essayer d’unir tous les acteurs du tourisme, ce qui inclut Beachcomber bien sûr.
L’Office du Tourisme vient de signer un accord avec la China Southern Airlines. Etes-vous convaincu que les pays émergents dont la Chine qui est le plus gros émetteur de touristes au niveau mondial, soient l’avenir du tourisme mauricien ?
Qui sommes-nous pour nous permettre de refuser cette clientèle ? Il faudrait être totalement aveugle ou arrogant pour fermer cette porte qui vient de s’ouvrir. China Southern Airlines possède 595 avions et transporte 90 millions de passagers par an. Ce serait un bonheur si nous pouvions capitaliser là-dessus. Moi je trouve que c’est formidable, que ce premier pas est absolument excellent et va dans la bonne direction. Aucun pays dans le monde ne peut se permettre de fermer la porte à la Chine. Pourquoi le ferions-nous ?
Mais sommes-nous préparés à les accueillir, sachant qu’il s’agit d’une autre culture que celle des marchés traditionnels ?
Maurice a une force, c’est son accueil chaleureux. L’accueil du mauricien a été sans faille pendant des décennies. Nous avons été capables et nous sommes toujours en train de briller dans l’excellence du service. C’est une chose que l’on ne doit absolument pas perdre mais au contraire renforcer. Donc, il n’y a aucune raison que l’on ne puisse pas faire de même envers cette clientèle. Je pense que la critique est facile à Maurice. C’est peut-être parce que je suis étranger que je le dis mais n’oublions pas l’excellent service que nous livrons à tous les niveaux. Le Mauricien est très accueillant et très humain. Cette humanité est un atout et il faut s’en servir.. Certes le client chinois ou indien a une culture différente de celles auxquelles on est habitué mais nous allons nous adapter. Ce n’est pas un problème. Nous avons d’ailleurs le bonheur d’avoir une population diverse avec des origines chinoises et indiennes. Je pense que nous avons tous les ingrédients pour les accueillir. Déjà certains hôteliers ont anticipé ces besoins là et ont adapté leur offre mais il ne faut pas construire des hôtels pour cela. On offre déjà un English breakfast, on peut très bien offrir un Chinese ou un Indian breakfast.
Et quid des autres pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine) ?
J’aimerais bien que les Brésiliens et les Russes puissent venir chez nous. C’est dommage que Transaero (ndlr première compagnie aérienne privée russe) n’ait pu aller au bout de son projet. Mais il y a les intentions de toutes les instances nécessaires pour arriver à attirer cette clientèle là. Maurice a la capacité de se mettre au centre du monde et d’accueillir tout le monde. Nous avons suffisamment de chambres d’hôtel, de villas, de suites disponibles pour accueillir le million actuel et même plus.
Puisque vous parlez de Transaero, pensez-vous que le problème de l’accès aérien tant décrié par les hôteliers va vers une solution avec l’arrivée de Thomson Airways et maintenant de China Southern Airlines ?
Je pense qu’il a y un développement qui se fait et vous avez raison de mentionner ces deux compagnies. J’entends aussi parler de Hainan Airlines ; il y a des projets avec d’autres compagnies comme Turkish Airlines, il y a Emirates qui va doubler sa flotte avec son A380. Je pense qu’il y a une volonté mais est-elle bilatérale ? Je n’ai malheureusement pas la réponse à cette question.
Que pensez-vous du projet des îles Vanille?
Le concept est excellent mais je pense que c’est la logistique, ou plutôt son manque de logistique, qui complique les choses. Comment connecter toutes ces îles pour avoir un circuit? Il faut cependant rester positif. La volonté est là mais nous arrivons à la mettre en place d’une manière cohérente qu’avec des partenaires aériens qui sont à même de le faire. L’idée est parfois géniale mais il faut trouver les bons partenaires aériens pour mettre en place ce circuit. Moi j’ai des demandes de gens qui viennent en vacances ou en voyage de noces qui aimeraient faire un combiné. Je pense qu’il y a ce désir de visiter plusieurs destinations lors d’un seul voyage.