Symbole des Seychelles, le coco fesse est le fruit du cocotier de mer, une espèce de palmier qui ne pousse que sur les îles Curieuse et Praslin. Cette noix (la plus grosse au monde) a longtemps intrigué les voyageurs pour sa forme suggestive, mais aussi parce que son origine est longtemps restée mystérieuse…

Depuis le 16ème siècle, et probablement bien avant, les hommes trouvaient régulièrement sur les plages des Maldives, de l’Inde, du Sri Lanka et ailleurs dans l'océan Indien, des noix de forme intrigante, rappelant étonnement les contours d’un postérieur… Capable de flotter tout comme les fruits de son cousin le cocotier, le coco fesse parcourait en effet des centaines de kilomètres au gré des vents et des marées.

Ceux qui découvraient ces noix étaient souvent perplexes, se demandant d'où elles venaient. Car, à la différence du coco, le coco fesse ne germe que dans ses îles natales. On pensa tout d’abord qu’il provenait des Maldives, et il fut nommé par conséquent coco des Maldives. Mais les explorateurs se rendirent vite compte qu’il n’y avait nulle trace de plantes produisant de tels fruits dans l’archipel… D’autres théories farfelues furent données pour expliquer l’origine du mystérieux fruit.

La plus rocambolesque fut certainement que le fruit provenait d’une plante qui pousse au fond des océans, ce qui a valu au “cocotier de mer” son nom de baptême. Les fruits furent quant à eux nommés “cocos de mer”, ou “cocos de Salomon”. En effet, une légende biblique rapporte que les richesses du roi Salomon provenaient d’une mystérieuse contrée nommée Ophir, d'où ce nom attribué aux énormes noix pour souligner leur origine inexplicable.

Il a fallu attendre le milieu du 18ème siècle, plus précisément 1768, pour qu’on découvrît enfin les mystérieuses plantes qui produisait d’aussi formidables fruits. C’est à un corsaire français, Marc-Joseph Marion du Fresne, que l’on doit cette découverte, lors d’une escale sur l'île de Praslin. D’autres cocotiers de mer furent découverts un peu plus tard sur l'île Curieuse, mais aucune autre île de l’archipel seychellois n’est pourvu de ces arbres merveilleux.

La fleur mâle du cocotier de mer.

Les cocotiers de mer poussent donc sur une surface combinée de moins de 5 000 hectares. L’arbre ne produisant que peu de fruits à un rythme très lent, les cocos fesse sont extrêmement rares. Ils sont depuis longtemps très recherches des collectionneurs pour leur forme étrange. Des spécimens polis et vernis sont aujourd’hui encore vendus à prix d’or, mais leur exportation est sévèrement réglementée par le gouvernement seychellois.

Ce qui n'empêche pas certains d’en faire de la contrebande. Des braconniers peu scrupuleux menacent en effet sérieusement le cocotier de mer, qui est sur la liste rouge des espèces en danger de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Selon les chiffres les plus récents, il y aurait environ 21 000 arbres sur Praslin et 3 800 sur Curieuse. La plante est mature à 25 ans, et peut vivre 350 ans; sa reproduction est donc très lente et la cueillette non contrôlée des fruits est une menace sérieuse pour la survie de l'espèce.

Noix immatures d’un cocotier de mer.

Le coco fesse, aussi appelé coco indécent, coco jumeau ou cul de négresse aux Seychelles, est la plus grosse graine du règne végétal, et aussi la plus lourde. La plupart des fruits pèsent une vingtaine de kilos, et certains peuvent atteindre plus de quarante kilos. L’association à la sexualité est évidente de par les formes du fruit, mais aussi de celle de l’inflorescence des plantes mâles qui ressemble à un énorme phallus. Certains habitants de pays asiatiques comme la Chine prêtent ainsi faussement au coco fesse des vertus aphrodisiaques.

Photo du haut: La Vallée de Mai sur l’ile de Praslin, zone qui accueille le plus grand nombre de cocotiers de mer.