En chatini, en piment ou en rougaille, la « chevrette » de rivière est toujours appréciée, surtout par les amateurs de « manzer lontan ». Mais ce petit crustacé, qui est aussi appelé crevette de verre, se fait de plus en plus rare.
Les chevrettes vivent dans les rivières et sont actives une fois la nuit tombée. Pendant la journée, elles se cachent sous les algues et c’est pour cela que, pour les attraper, les « pêcheurs chevrettes » doivent se mettre debout dans la rivière – l’eau leur arrivant parfois à la taille. Ils utilisent alors un « sac goni » pour racler les parois rocheuses de bas en haut et pour pêcher sous les algues. Puis, ils nettoient leurs prises et souvent les vendent eux-mêmes en bord de route dans des plateaux. Et ils trouvent toujours preneurs, la chevrette étant considéré comme un mets de choix !
Dans les marchés à travers l’île, on en trouve également mais les crustacés ont été grillés au préalable pour qu’ils puissent durer plus longtemps et ont donc pris la couleur rose-rouge caractéristique des crevettes. Plus chères que les « chevrettes secs », qui sont en fait des petites crevettes de mer, les chevrettes d’eau douce sont très appréciées et plus rares. En effet, celles-ci font l’objet d’une pêche abusive, ce qui explique pourquoi on en retrouve de moins en moins.
Lorsqu’on cuisine des chevrettes, il faut les écraser - traditionnellement sur une « roche cari » - avant de les roussir pour plus de saveur. Pour un rougaille ou un « chatini », on y ajoute des oignons, de l’ail, du gingembre, du piment et des pommes d’amour, et pour un piment de chevrette, qui est aussi très apprécié, on y ajoute du piment et de l’ail.