A quelques kilomètres de la route principale de Grande Rivière Noire, après le grand pont, un chemin de sable, en bordure de mer puis bordé de broussailles, mène à un coin retiré de l’île que beaucoup ne connaissent pas : la Batterie de l’Harmonie. Ce site, décrété patrimoine national en 1985, a été le témoin d’une bataille navale en 1799 entre les Français et les Anglais. Il a également charmé Geneviève Dormann, écrivaine française, qui y situa l’action de son roman « Le Bal du Dodo », primé par l’Académie Française.
Des salines taillées dans la pierre de lave datant du 18e siècle, une grande maison, connue par les gens du coin comme le Château Koenig, une Tour Martello britannique – identique à celle de La Preneuse – et une batterie à canons, toutes construites dans les années 1830, sur lesquelles la nature a repris ses droits, et ayant été laissées à l’abandon depuis plusieurs années. La maison surtout, qui date, elle, de 1950, est en piteux état, utilisée comme poubelle par certains… Des pilleurs s’en sont donnés à cœur joie, prenant tout ce qui pouvait être volé, pierres taillées, morceaux de bois, tuyauterie… Les vitres sont brisées, certaines pièces ont été brûlées… c’est un spectacle désolant.
Pourtant, ce site se trouve sur une belle plage isolée où la vue s’étend sur des kilomètres, de la montagne du Morne Brabant à La Tourelle. Les choses devraient changer bientôt avec le Budget 2017/2018 qui prévoit d’en faire un village d’artistes – projet annoncé depuis plusieurs années – ainsi que la construction des hôtels à côté. C’est en 1995 que le gouvernement a repris possession du site après avoir accordé des baux à la famille Koenig dans les années 40, et au groupe hôtelier Beachcomber dans les années 70. Des millions de roupies ont été investies pour y entreprendre une rénovation, jugée catastrophique par certains, mais après les dégâts causés par le cyclone Dina en 2000, les lieux ont vite repris leurs airs de château lugubre abandonné.
Le site a été le spectateur d’une bataille navale en 1799 lorsque deux navires français, La Preneuse et le Brule Gueule ont été pourchassés par des navires britanniques en voulant regagner Port-Louis. Afin de faire face à leurs poursuivants, les Français déchargèrent toute leur artillerie sur la plage et construisirent un rempart de sable afin de se protéger des tirs ennemis venant de la mer. Les Anglais durent battre en retraite…