Les chansons chagossiennes ont laissé une empreinte durable dans la conscience populaire. Véritables photographies d’une époque, elles ont fini par donner du relief aux tubes locaux. Mimose Furcy, à la tête d’un des rares groupes chagossiens, Tambour Chagos, nous parle de ce séga qui pourrait être inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Le patrimoine musical de Diego Garcia, Peros Banhos et les îles Salomon parle d’un pan de l’histoire du peuple Chagossien, déraciné de leur terre. Voix poignantes, fortes et éraillées, atmosphères dessinées à coup de triangle, ravannes, bouteilles, bombe (coco) et makalapo, le séga chagossien touche par les mots, les scènes contées, et le quotidien de ces familles sur leur terre natale.
Mimose Furcy, de Tambour Chagos, est une de ces voix qui vient de là-bas. Mimose se souvient comme si c’était hier de son départ des Chagos. Elle avait treize ans et prenait un bateau appelé Mauritius. Se souvenir de son île Peros Banhos, lui fait du bien. Au fil de la conversation on comprend que la musique coule dans ses veines.
« J’ai toujours été fascinée par mon grand-père et ma grand-mère, qui ne rataient aucune occasion pour taper la ravanne et chanter. Je me souviens qu’à l’époque, nous n’avions pas de télévision et encore moins d’activités, le séga était l’élément qui rassemblait tout le monde. On se réunissait les samedis, les jours de baptême, de première communion ou de fêtes pour chanter, danser et jouer le séga ». Le séga chagossien est synonyme de rassemblement. On apprend également qu’à l’époque, les ravannes se faisaient avec la peau de raie, une tradition qui se perd aujourd’hui tout comme l’utilisation de certains instruments comme « la bombe ».
« La tradition veut que le chant des Chagos, dans un créole aux expressions typiques, raconte la vie de tous les jours. On chante son malheur, son bonheur et ses états d’âme. On joue avec les mots et les expressions. Les danseuses portent de grandes jupes colorées sous lesquelles se trouve un jupon auréolé de dentelle, sans oublier les cheveux entourés d’un foulard ».
Mimose Furcy s’inspire de chaque moment de sa vie pour composer des airs qu’elle interprète lorsque l’occasion le permet. Sa musique a dépassé lesfrontières mauriciennes ets’est retrouvée à La Réunion, aux Seychelles et en Angleterre. Toutefois, elle trouve dommage que cet héritage se perde et que certaines expressions chagossiennes soient utilisées hors contexte.