Taher-Mungur

Taher Mungur, taxidermiste - Rendre la beauté de l’animal éternelle

Les hommes ont toujours été fascinés par les animaux et leurs qualités de beauté, de force ou autres caractéristiques dont ils disposent. Traités comme des dieux dans d’anciennes civilisations, ils gardent aujourd’hui encore un côté fascinant. S’ils ont perdu le pouvoir de culte, les animaux sont encore l’objet de collection, de décoration ou sont exhibés comme trophées. Il faut pour cela faire appel à un taxidermiste. Il n’en existe que deux ou trois à Maurice. Côte Nord a rencontré l’un d’eux, Taher Mungur, un jeune qui a baigné dans ce monde depuis son enfance.

Chez les Mungur, on est taxidermiste de père en fils. Le père de Taher, Mansoor, avait appris ce métier de son propre père. « À l’époque, mon grand-père empaillait les animaux de façon artisanale. C’était surtout des têtes de cerfs. Mon père va alors perfectionner les techniques. Et puis il a eu de l’ambition pour moi », explique Taher. Ce dernier, qui est déjà intéressé à l’époque où il était à l’école, aidait son père après les heures de classe.

À l’âge de vingt ans, son père l’envoie étudier la taxidermie en Angleterre. Pendant cinq ans, Taher suit des cours pratiques et théoriques, apprend de nouvelles techniques plus avancées. À son retour, il va les ajouter à celles déjà acquises..

Les deux travaillent ensemble et développent alors le business familial dans une perspective plus moderne. Il faut aussi dire que la demande traditionnelle pour les têtes de cerfs est en baisse. « Aujourd’hui, nous avons une grosse clientèle touristique et notamment les amateurs de pêche au gros. Nous travaillons beaucoup avec la South Indian Ocean Billfish Competition, dont on est un des sponsors. On fabrique les trophées pour cette compétition », raconte
Taher.

Si la demande pour empailler les prises de pêches a beaucoup augmenté, les Mungur peuvent empailler n’importe quel animal dont les animaux de compagnie. « On reçoit des demandes pour des chiens, des chats, des tortues ou des oiseaux », assure Taher.

Le client peut apporter l’animal ou demander aux Mungur de venir le chercher. « Il est primordial de garder l’animal en bonne condition après sa mort. Il faut le mettre au congélateur pour empêcher la décomposition ».

Une personne n’ayant pas d’animal peut tout aussi bien passer une commande, rassure Taher.

À l’atelier, on commence par enlever les viscères de l’animal. « On garde le squelette et on gratte toute la chair qui est collée aux os. Puis on plonge le squelette dans une solution pour préserver les parties de chair qui ne pourraient être enlevées ».Ça c’est pour le côté un peu glauque de l’affaire !

De son côté, la peau est traitée pendant deux semaines avec la même technique que pour la tannerie. Il faut encore ajouter une période de séchage de deux à trois mois.

« Les techniques varient selon les espèces animales, précise Taher, Les poissons sont plus délicats. La peau et les écailles étant plus fragiles, il faut prendre plus de précautions. Les cerfs sont plus solides » Les produits utilisés changent aussi selon l’animal, ajoute t-il.

Les espèces marines les plus demandées sont le marlin, la dorade coryphène et l’albacore (yellow fin tuna). À la finition, ils sont recouverts d’un vernis qui leur donne un aspect plus brillant que nature. « Cela facilite aussi l’entretien et on n’a besoin que d’un coup de plumeau ou de chiffon ». Les poissons, en sus de faire des trophées, constituent aussi des décors nautiques pour particuliers ou restaurants.

La taxidermie est aussi demandée par les musées, rappelle Taher. Ainsi, les Mungur ont été approchés par le Musée de Port-Louis et récemment par le Blue Penny Museum pour une exposition éphémère sur les espèces menacées. « On nous a demandé de faire des reconstitutions d’espèces disparues ou difficiles à trouver comme le dugong et le coelacanthe ». Si vous visitez cette exposition, souvenez vous du travail des Mungur, sinon venez les visiter à leur atelier à Montagne Ory.

Information : Taher Mungur, T : 57 91 13 26

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