. Ramakrishna Seeneevassen

Rama, la mémoire vivante du Merville - [PORTRAIT]

L’hôtellerie est un secteur où le mouvement entre différents établissements semble être la norme. Pourtant, il y a des hommes et des femmes qui restent fidèles à une entreprise comme si c’était leur propre maison. Ramakrishna Seeneevassen est de ceux-là. Entré au Merville Beach un mois avant son ouverture le 13 avril 1973, il est toujours fidèle au poste à soixante-trois ans. Quarante-deux ans d’une carrière riche parsemée de grands moments que Rama, plus connu sous ce nom, partage avec nous.

Rama entre au Merville comme serveur. Il a vingt ans et cumule jusqu’alors des petits boulots. Très vite, il passe au room service puis devient maître d’hôtel avant d’être promu directeur de restaurant en 1976, poste qu’il occupe toujours. Il reçoit pourtant une demande pour devenir Food and Beverage Manager, mais sentant qu’il ne dispose pas des qualités requises pour ce travail mais aussi pour ne pas sacrifier sa famille, il décide de ne pas s’y engager. Ce qui ne l’empêche pas d’être heureux et de partager sa passion du travail avec les plus jeunes.

« J’ai aimé ce métier depuis le début et je n’ai jamais voulu faire autre chose ni rejoindre un autre hôtel en dépit des changements de directions et de propriétaires », raconte-il. Et des changements, il en a vu passer. « L’hôtel a été construit à l’origine pour la conférence de l’Ocam (Organisation commune africaine et mauricienne. Elle a cessé ses activités en 1985). Les propriétaires d’alors étaient le groupe Lonrho. Il y avait 72 chambres au départ et une quinzaine de bungalows ».

Après la conférence, la plus grosse clientèle était d’origine sud-africaine. « Même si les touristes dépensaient beaucoup (le rand était à Rs 14), l’hôtel peinait à décoller. Une équipe britannique est alors venue pour relancer les affaires. Ils y resteront jusqu’en 1998 et apporteront une clientèle anglaise de long séjour, puis suisse et allemande. Ensuite il y a eu la vente de l’hôtel au groupe Illovo qui le revendit au groupe Naïade en 2001. Après le rebranding en 2011, Merville est désormais sous le groupe LUX* Hotels and Resorts »

Ces changements vont aussi affecter la clientèle dont une grande partie est aujourd’hui d’origine française et réunionnaise. Rama note que l’évolution du tourisme, et notamment la crise de 2008, ont beaucoup affecté le comportement des touristes. « Auparavant les touristes dépensaient beaucoup en nourriture, en boisson. Les pourboires étaient énormes. Beaucoup plus que le salaire mensuel. Les Sud-africains, quant à eux, nous donnaient des bouteilles. »

Certaines choses n’ont pourtant pas changé. Ainsi, tous les vendredis soir, et ce depuis l’ouverture, le Merville organise des soirées de séga. « Presque que tous les grands noms de la scène mauricienne se sont produits ici : Jean Claude Gaspard, Claudio Veeraragoo, Mario Armel, Michel Legris, Marie-José et Roger Clency. Nous avons aussi un orchestre qui joue depuis l’ouverture, Les Blue Shadows de Ben et Karl Allet, deux fois par semaine. Auparavant nous avions les dimanches soir les Cartier Brothers, des accordéonistes. » Autant de noms et d’événements qui font que Rama en est aujourd’hui la mémoire vivante, mais surtout, l’un des plus fidèles ambassadeurs de l’hôtel Merville.

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