Pour notre troisième visite à Port-Louis, nous vous emmenons dans la périphérie de la capitale. Prenons de la hauteur. À la fois pour mieux comprendre l’histoire de la ville et s’imprégner de sa culture. De la Citadelle à Marie Reine de la Paix, on peut jouir d’une vue imprenable sur la cité mais aussi sur la plaine du Nord. Auparavant, commençons la visite sur le port au Trou Fanfaron avant d’aller à un autre lieu de culte, la Cathédrale Saint Louis.
À l’extrémité de la Gare du Nord se trouve un temple hindou, le Sockalingum Meenatchee Amman Kovil. Aussi connu comme Kaylasson, il est un des lieux de culte des hindous tamouls venus de l’Inde du sud, les plus connus à Maurice. Construit non loin de l’Aapravasi Ghat, il témoigne de la foi profondément enracinée de ces immigrants. Son architecture est typique des kovils avec des intérieurs décorés, des couleurs vives et des statues finement sculptées.
Nous prenons ensuite la rue Farquhar jusqu’à la rue Sir William Newton. On tourne à gauche pour passer devant la Mauritius Commercial Bank, la plus ancienne institution financière du pays construite sur le site de l’ancienne paroisse Saint-Louis, une bicoque de paille à l’époque. Elle fut remplacée par un autre bâtiment plus loin dans la même rue, à la place de l’actuelle cathédrale.
La Cathédrale Saint Louis abrite l’évêché de Port-Louis. De construction récente, elle fut consacrée en 1933 par Monseigneur Leen puis rénovée en 2007. Elle se dresse sur l’emplacement des anciens édifices qui n’ont pas résisté à l’usure du temps mais ont gardé le même style. L’intérieur est orné de statues, tableaux et mobiliers provenant de l’ancien sanctuaire. Sous le dallage du chœur de la cathédrale Saint-Louis reposent cinq évêques. Presque en face de la Cathédrale, sur la droite dans la rue Pope Hennessy, on trouve un autre symbole du pays, bien conservé sous ses arbres centenaires,la Cour Suprême, haut lieu du judiciaire, qui garde sur la grille d’entourage, la devise de la monarchie britannique, « Dieu et mon droit », malgré l’indépendance et l’accession au statut de la République.
Citadelle
En continuant sur Pope Hennessy, on arrive au Champ de Mars, le plus vieil hippodrome de l’hémisphère sud. Ici, chaque samedi, et dimanche pour les classiques, les amateurs de courses de chevaux se donnent rendez-vous pour un événement qui dure maintenant depuis plus de deux siècles.
Au fond à gauche, on trouve la colline Monneron, on bifurque à gauche dans la rue Victoria avant de tourner, toujours à gauche dans la rue Sebastopol pour grimper jusqu’au Fort Adelaïde aussi connu comme La Citadelle. S’élevant à plus de 500 pieds (152 mètres), il offre une perspective sur la ville que l’on découvre cernée par la chaîne de montagnes de Moka sur le côté est, avec au sud la Montagne des Signaux puis le Pouce, le Pieter Both et la montagne Calebasses. La ville est ouverte sur la mer du côté ouest et du côté nord, on aperçoit la partie la plus plate de l’île s’étendant jusqu’à Cap Malheureux que l’on devine grâce au Coin de Mire.
La vue sur la ville elle-même donne un aperçu dramatique du développement accéléré qu’elle a connu depuis la fin des années quatre-vingt avec l’érection de buildings qui peu à peu supplantent l’architecture coloniale. La Citadelle reste un des édifices qui résistent encore à l’avancée du « progrès ». Elle est un des quatre forts, construits par les Britanniques dans la capitale après la prise de l’île en 1810, qui reste encore debout. (Fort George, Fort William et Fort Victoria étant en ruines)
Le fort a été érigé, entre 1834 et 1840, sur les ruines de l’ancienne Citadelle construite par le gouverneur français, Antoine Marie Desforges Boucher en 1743. La nécessité de ce fort à un moment où l’empire colonial britannique n’était plus menacé dans la région postule sur une raison plus de sécurité intérieure. Effectivement, le risque d’un soulèvement des colons français était réel surtout après l’imposition de la fin de l’esclavage. Le positionnement d’une partie des canons vers l’est semble en attester. Il ne sera toutefois jamais utilisé et abritera une faible garnison militaire. Commandé par le roi William IV, il porte le nom de sa femme Adelaïde.
Beauté enchanteresse
Sur le côté Sud, on aperçoit, à flanc de la Montagne des Signaux, le monument de Marie Reine de La Paix, où nous nous rendons ensuite en redescendant d’abord vers la rue Suffren, puis en remontant la rue Pope Hennessy pour tourner à droite dans la rue Labourdonnais, aller au bout avant de bifurquer à droite dans la rue Monseigneur Leen. C’est ce dernier qui est à l’origine de la construction du monument qui abrite une statue haute de trois mètres . C’est un haut lieu de pèlerinages et de rassemblements de la communauté catholique de l’île. Devenu également un rendez-vous touristique, il offre aussi une belle vue qui part du Ward IV historique de PortLouis pour s’étendre sur la ville et notamment à gauche sur le port. Nous redescendons ensuite, à travers le rond-point de Caudan, vers Les Salines, qui tire son nom d’une industrie salinière du temps du gouverneur Mahé de Labourdonnais. Ce lieu a vu naître le poète Léoville L’Homme qui le décrit dans un de ses poèmes comme une « beauté enchanteresse ». Le Jardin botanique Robert Edward Hart a pendant longtemps incarné ce sentiment mais aujourd’hui barré de la mer par le vrac pour le sucre, il a perdu de sa superbe. Le lieu abrite néanmoins deux monuments instructifs. Le premier, œuvre de la Société de l’Histoire de l’île Maurice, est un hommage à Guillaume Dufresne D’Arsel, commandant du navire français Le Chasseur qui mouilla dans cette rade le 20 septembre 1715 et prit possession de l’île qu’il nomma Ile de France. Le second est un autre hommage au père de la révolution en Russie, Vladimir Illitch Lenin. Inauguré en 1972 par l’ancien Premier ministre Sir Seewoosagur Ramgoolam, il témoigne du positionnement de l’île Maurice post-indépendante, écartée entre l’attachement historique à l’Ouest et le besoin de s’affirmer comme nation indépendante en se rapprochant à la fois du bloc soviétique et du Mouvement des Non-Alignés.
Enfin, Les Salines c’est aussi l’endroit de Kwan Tee, la plus vieille pagode de Maurice, qui en compte onze, toutes situées à PortLouis. Fondée en 1842, par Log Choïsanne, le pionnier de la communauté chinoise de l’île, elle est dédiée au culte du Dieu Guan Di, grand guerrier élevé au rang de divinité. Son architecture est traditionnelle des temples chinois avec un toit aux bords recourbés. C’est un haut lieu de la communauté chinoise qui vient demander protection, consulter, avant de prendre des décisions importantes qui influenceront la vie familiale et professionnelle. Un beau lieu de recueillement pour terminer la visite.