On parle de lui comme étant l’un des meilleurs sculpteurs de l’île Maurice. Lewis Dick est terriblement talentueux. Au milieu de ses sculptures grandeur nature, il virevolte, outils à la main, pour réaliser ce que lui inspirent son imagination et sa matière première. C’est dans son atelier à Bambous que nous avons rencontré cet homme attachant et passionnant.
Son atelier se trouve dans l’enceinte de sa demeure familiale à Bambous. Depuis 35 ans, Lewis Dick torture le bois dans tous les sens. Il observe, étudie et laisse ses mains dominer le morceau de bois pour en extraire une sculpture. Chez lui, tout respire le bois. Il a aménagé une annexe de sa maison pour en faire son petit atelier, l’École de Sculpture de Bambous. C’est là qu’il accueille des centaines d’enfants s’intéressant à cet art et des milliers de touristes et locaux qui viennent s’enrichir de son travail et celui de ses élèves. Cette petite pièce, pleine à craquer d’outils et de sculptures - totems, masques, figurines et autres formes animalières – est l’antre de Lewis Dick. Chacun des objets parle d’une étape de sa vie, de ses rencontres et de plusieurs voyages.
Tombé dans le monde de la sculpture par hasard, Lewis Dick, voit sa vie professionnelle se transformer suite à la confection d’une poupée. Sa création ne laisse pas insensible et ce dernier comprend qu’il a peut-être un don, celui de modeler le bois à l’aide de ses mains. Il apprend sur le tas, se perfectionne sans aucune formation et observe chaque morceau de bois pour essayer d’en sortir des formes pour ensuite en faire une sculpture. Fort de son expérience et passionné par cet art, Lewis n’oublie pas son enfance difficile. « Je suis né un 29 février. Ma mère décède après l’accouchement. J’ai souvent été victime de railleries durant mon enfance et pris pour un enfant lunatique. » Conscient qu’il y a bon nombre d’enfants qui se sentent rejetés, il souhaite leur donner la chance de rêver ou d’aspirer à un meilleur avenir. Il crée alors, en 2000, l’école de sculpture à Bambous qui a pour vocation de former les recalés du CPE à ce métier afin de leur assurer un avenir meilleur. « Cela n’a pas été chose facile de monter cette école. Je n’ai même pas de certificat et j’ai moi-même été recalé du système éducatif », se remémore le sculpteur. Malgré des hauts et des bas, mais toujours tiré vers le haut par le désir de partager la magie et les bienfaits de la sculpture, l’école poursuit aujourd’hui son objectif principal : ouvrir une porte aux enfants défavorisés et en difficulté scolaire, leur permettre de canaliser leur énergie à travers cet art. Depuis, plusieurs écoles ont vu le jour. « La sculpture est enseignée comme une thérapie. Les enfants apprennent la persévérance, la patience et comment ils sont appelés à façonner leur avenir. » Lewis Dick et son équipe travaillent également avec des enfants autistes.
L’école est aujourd’hui réputée grâce aux prix remportés par le maître et ses élèves dans des concours internationaux de sculpture. Elle reçoit tous les ans une invitation au symposium international de sculpture en Suisse. Lewis Dick lui, a eu la chance de se rendre en France, en Australie, aux États - Unis et à Hawaii pour partager ses connaissances et son parcours dans le domaine de la sculpture.