Anil_Gayan

L’aquaculture ne pourra se faire s’il y a un risque pour le tourisme - Anil Gayan, ministre du Tourisme

Aux commandes du ministère du Tourisme depuis janvier de cette année, Anil Gayan assure qu’il continue la politique du gouvernement qui prône la continuité tout en essayant de faire mieux. Partisan du dialogue, après avoir réuni les partenaires de l’industrie autour des Assises, il assure qu’il reste à l’écoute des craintes sur des menaces potentielles pour le tourisme. Persuadé de la complémentarité des îles de la région, il avance néanmoins qu’il faut repenser les îles Vanille.

Vous êtes à la tête du ministère du Tourisme depuis un peu plus de sept mois. Peut-on faire un bilan ?

Mon prédécesseur était membre du même gouvernement. Il a choisi de partir mais la politique de ce gouvernement n’a pas changé. Naturellement, il y a des choses que l’on fait différemment ou mieux mais généralement c’est la même politique qui continue. Une politique qui vise à maintenir Maurice comme une destination de rêve, une destination « off-market », tout en incitant les touristes à sortir de leur hôtel pour participer et aller à la rencontre de la vie mauricienne.

Que préconisez-vous pour encourager cela ?

Il y a différents modèles de tourisme à Maurice. Le tout inclus (all inclusive) n’encourage pas les touristes à sortir. Mais il y en a qui veulent connaître Maurice, qui veulent participer aux disciplines sportives, aux excursions et connaître l’intérieur du pays. Cette semaine-ci (NDLR l’interview a été réalisée le 4 août) nous avons reçu le secrétaire général de l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), M. Taleb Rifai, qui nous a déclaré que le moment était venu pour Maurice, de ne plus regarder la mer mais plutôt les montagnes, la beauté du pays et aussi les différentes composantes de notre peuple. Je pense qu’il y a un mariage à faire avec ce que l’on a déjà fait et ce que nous devons faire pour agrémenter davantage le séjour des touristes à Maurice.

Une des décisions majeures que vous avez prises aura été la tenue des Assises du Tourisme. Une décision saluée par l’ensemble de l’industrie. Mais quelle est la suite maintenant ?

Nous avons des ateliers de travail qui ont été constitués pour développer et mettre en application les différentes idées qui ont surgi pendant les Assises du Tourisme. Les Assises, c’était le début, mais cela nous a quand même permis d’avoir une plus grande visibilité de ce que l’industrie est et veut faire et ce vers quoi nous voulons la diriger. Il y a des choses qui se font déjà. Pour le branding, par exemple, une réflexion est engagée : Faut-il faire un branding pour le pays ou un branding pour le tourisme ou un branding national avec des composantes pour chaque activité.

Ce qui est important de noter avec les Assises, c’est qu’il y a eu une réflexion qui n’avait pas été faite depuis des années. Je crois que c’est très important de ne pas traiter le tourisme comme une activité où il n’y a pas de dimension intellectuelle et d’apporter cette dimension pour développer des stratégies, pour voir les perspectives, ce qu’on a bien fait mais aussi moins bien fait et ce que nous devons améliorer. C’est une stimulation intellectuelle nécessaire.

Les indicateurs du tourisme sont au vert. Beaucoup avancent que l’ouverture de l’accès aérien y est pour quelque chose. Vous dites néanmoins qu’il faut protéger Air Mauritius. Pourquoi ?

Nous devons garder à l’esprit que Maurice est une île et que l’un des seuls moyens de faire venir les touristes reste l’avion. Il y a bien les croisières mais les touristes ne viennent que pour la journée. Pourquoi ai-je dit qu’il faut protéger, mais pas surprotéger, Air Mauritius ? Parce que c’est notre ligne aérienne nationale. C’est Air Mauritius qui nous a aidés dans les années quatre-vingts quand beaucoup de compagnies aériennes nous ont quittés. Quand on a développé Air Mauritius, cela a aidé au développement du tourisme. Toutes les compagnies aériennes peuvent quitter Maurice un beau jour mais pas Air Mauritius. N’avons-nous pas alors un devoir d’obligation pour lui donner des facilités et les moyens de toujours s’améliorer ? Cela ne veut pas dire que nous devons accepter tout ce qu’Air Mauritius dit. Dans notre stratégie de développement du tourisme, Air Mauritius est un partenaire très important tout comme Emirates, Turkish Airlines, British Airways, Air France et toutes les autres compagnies qui desservent Maurice. Ce sont des partenaires importants mais pour une île qui risque un enclavement aérien, il est important de pouvoir compter sur la compagnie nationale et de la « protéger » mais je le dis à nouveau, pas de la « surprotéger ».

Vous venez de rencontrer votre homologue des Seychelles. Comment vont les relations entre ces deux îles concurrentes sur le marché touristique ?

J’ai d’excellentes relations avec M. Maurice Loustau-Lalanne que je connaissais déjà. Nous avons une bonne coopération. Il y a des hôtels mauriciens qui sont implantés là-bas et ça va continuer. C’est vrai que nous sommes compétiteurs mais la compétition est saine. Et j’y suis en faveur. Je crois qu’il y a assez de touristes pour tout le monde.

Par contre, il nous faut développer de nouveaux marchés. Je suis convaincu du potentiel du marché chinois. Aujourd’hui, il n’y a que 10 % de Chinois qui possèdent un passeport. Dans quelques années, ce chiffre est appelé à doubler. Rien que l’année dernière, il y a eu 144 millions de voyageurs chinois. Le potentiel est immense. La Chine est une superpuissance pour le tourisme et c’est pour ça qu’il faut que nous soyons présents en Chine. C’est un marché que l’on ne connaît pas et cela paraît difficile mais comme toutes les choses difficiles, il faut persévérer.

Permettez-moi de rappeler que lorsque j’étais ministre du Tourisme entre 2003-2005, j’avais fait enlever le visa pour le touriste chinois, indien et arabe car c’est difficile pour eux d’envoyer leur passeport dans leur capitale respective pour avoir ce document et nous ne pouvons, en tant que petit pays, ouvrir de consulat dans chaque ville de ces grands pays.

Revenons sur les Seychelles et la région. Où en est l’association des îles Vanille ?

Nous avons eu une réunion le 3 août dernier entre M. LousteauLalanne et Pascal Viroleau, CEO des îles Vanille. Jusqu’ici, je n’ai pas encore assisté à une réunion mais au prochain salon TopResa, où je serai présent, nous pensons nous rencontrer. Il faut repenser les îles Vanille. Nous avons demandé à M. Viroleau de nous présenter un « concept paper » pour l’avenir des îles Vanille qui est bien pour les Seychelles, La Réunion, Maurice, etc. mais il faut voir plus loin. Les touristes sont aussi intéressés par le Kenya et d’autres points en Afrique, notamment avec les croisières.[...]

Retrouvez l'intégralité de l'article dans le magazine (Septembre/octobre 2017 - No. 130).

Laisser un commentaire