16 ans déjà que Sakifo anime la scène musicale de la Réunion, attirant aussi bien les locaux que les habitants des autres îles de la région et l’édition 2019 n’y a pas manqué. Le plus grand festival musical de l’océan Indien a réuni un chiffre record de quelque 33 000 personnes pendant les trois jours sur le site de la Ravine Blanche, Saint Pierre, du 7 au 9 juin.
Huit scènes, une cinquantaine d’artistes, 33 000 festivaliers et 42 667m2 de surface dédiés au festival face à la mer au cœur du quartier populaire de la Ravine Blanche… Sakifo aura fait fort pour sa 16e édition. Le festival musical, qui existe depuis 2004, a accueilli des artistes locaux aux talents et aux styles variés, mais aussi des îles voisines ainsi que des artistes internationaux. Durant trois jours, le public a vibré au son de divers styles musicaux tels que le rock, pop, reggae, seggae, funk, l’électro et, bien entendu, le séga et le maloya. Une ambiance festive, chaleureuse et conviviale régnait pendant tout le festival, avec des milliers de personnes circulant entre les scènes, les points de recharge des bracelets Cashless, les étals de nourriture de différentes parties du monde et les divers points buvette étalés le long de la plage de Saint-Pierre.
La première soirée a mis la musique réunionnaise en avant avec du maloya et des musiques créoles. C’est surtout le groupe Lindigo Connexion qui aura été à l’honneur sur la grande scène Salahin, déroulant son maloya et son énergie inimitable. Rougaiverde, une collaboration que rien ne prédestinait entre le Réunionnais Tilounau timbre de voix unique, et la Cap-verdienne Elida Almeida à l’énergie débordante, a également su charmer le public présent : la sauce a pris ! Et pour terminer la soirée en beauté, le très attendu groupe de hip-hop français Hocus Pocus était sur la scène Salahin. Le groupe, qui vient de se reformer, a choisi La Réunion et Sakifo comme étape de sa tournée anniversaire.
Ben Harper
C’est le terrible Peter Doherty et son groupe The Puta Madres qui ont marqué le coup d’envoi dela soirée de samedi sur la grande scène, suivi du seggae et Maurice sur la scène des Filaos. En effet, Sakifo a voulu rendre hommage au chanteur Kaya, disparu tragiquement en prison il y a 20 ans. C’estRacine Tatane, groupe emblématique de Kaya, quiest monté sur scène entonnant ses titres les plus connus. Le public était bel et bien présent, créant un petit embouteillage devant la scène. On entendait de nombreux spectateurs reprendre certaineschansons en chœur, démontrant que Kaya et son seggae n’ont pas été oubliés. Puis, c’était au tour du groupe de trip-hop anglais, Morcheeba, figure desannées 90, de monter sur la grande scène Salahinoù il y a eu une grosse affluence. Avec 9 albums et plus de 10 millions d’exemplaires vendus, le trio britannique, composé des frères Godfreyet et de la chanteuse Skye Edwards, a su envoûter le public en leur offrant un grand moment de musique. Avec plus de 18 000 personnes présentes le dimanche, le record de Sakifo a été atteint. Rien de bien étonnant quand on sait que la tête d’affiche de la 16 e édition du festival est l’une des plus grosses stars que Sakifo ait accueillies depuis sa création ; Ben Harper qui jouait ce soir-là. En tournée dans la région, il s’est arrêté à La Réunion pour un unique concert après avoir joué à Maurice la veille.
Accompagné de ses guitares, mais sans ses musiciens, le Californien a proposé une ambiance intime aux spectateurs venus le voir. Si le chanteur était à la hauteur de toutes les espérances, plongeant ses fans dans son univers envoûtant et éclectique, mêlant blues, soul et funk, ce concert intime n’était probablement pas adapté à une grande scène comme le Salahin et un si grand nombre de spectateurs.
Mais Ben Harper n’était pas l’unique vedette de la soirée ! Avant lui, le groupe réunionnais de maloya nomade Saodaj’ a su captiver le public en leur faisant découvrir leur nouvel album Pokorlèr et en reprenant certaines de leurs chansons les plus connues. Après une tournée de près de 150 dates au Maroc, en Inde ou encore en Israël, le groupe de cinq jeunes est monté sur la scène Filaos avec un didgeridoo, des percussions diverses et des vocalises mystiques, mixant différentes influences au maloya, afin de créer un ensemble enivrant, propre à eux.
Créé en 2004 dans la ville balnéaire de Saint-Leu, le festival a fait le pari, dès sa première édition, de mêler tradition et modernité, réunissant le temps d’un week-end, jeunes et moins jeunes, autour de la musique. Depuis sa création, le festival a programmé plus de 400 artistes et réuni une quinzaine de pays à chaque édition avec des têtes d’affiche comme Stromae, Keziah Jones, Manu Chao, TikenJah Fakoly, -M-, Julien Doré, Olivia Ruiz, Ayo, Selah Sue…
Photos : Sakifo 2019