[Extrait de l'Edition 144]
Avec l’explosion du numérique, la photographie argentique est devenue de l’histoire ancienne pour beaucoup, voire inconnue pour les plus jeunes. Mais Keivan Cadinouche lui reste fidèle et propose de voir l’île Maurice sous le prisme du vintage.
Après une carrière d’une vingtaine d’années dans la publicité, Keivan Cadinouche s’est consacré à la photographie qu’il pratiquait jusque-là comme un hobby. Nourri de la culture de Sebastião Ribeiro Salgado et de Pierrot Menn, le noir et blanc est la signature de ce photographe atypique. « L’argentique a un côté aléatoire et une prise de risque énorme ; on ne sait jamais ce qu’il y aura dans la boîte. Mais j’aime ce travaille d’artisan et d’artiste ; il y a de l’amour et de la chaleur humaine. Quand je vais faire des photos, j’arrive sans artifice, sans maquillage, même pas de trépied, je tiens mon appareil uniquement à la main. »
Keivan explique que le grain n’est pas pareil, que la profondeur du champ est différente, mais c’est surtout l’approche qui est différente. « Avec l’argentique, on ne peut pas faire 100 photos, les visualiser tout de suite et n’en retenir qu’une. On ne dispose que de 36 poses au maximum et il faut se concentrer sur ce qu’on veut faire, la mise en scène et ne pas se rater, comme à l’époque. » Le photographe a investi dans son propre labo, sa propre chambre noire et il fait venir tous ses produits de France.
Il faut dire aussi que l’argentique revient à la mode, un peu comme le vinyle pour la musique. Pour faire une comparaison, jouer du Mozart sur un instrument électrique et sur un piano à queue ne va pas donner le même son. Le rendu de l’argentique est aussi différent que celui du numérique. » Toutefois, il précise quand même qu’une fois qu’il a fait sa diapo, les impressions sont faites grâce au numérique et à la technologie qui donnent des résultats extraordinaires.
On le constate dans le nouveau projet qui est sorti début décembre dans des concepts stores, des boutiques d’hôtels et au Blue Penny notamment. Il s’agit de 10 clichés de Maurice, principalement des paysages, avec parfois des gens assez discrets. « Je photographie l’île Maurice d’aujourd’hui avec une technique vintage. » Un projet qui veut enrichir l’offre des cadeaux et souvenirs authentiques de Maurice. « Il fallait donner un nouveau choix aux touristes pour qu’ils puissent ramener des souvenirs 100 % faits à Maurice alors que 90 % de l’artisanat vendu à Maurice est importé de Bali, d’Inde ou de Chine. Je voulais un produit qui est pensé et fait à Maurice. Même pour la boîte, on a travaillé sur un packaging local et facile à transporter ; le présentoir dans le magasin est aussi de l’artisanat local, des paniers en rotin. » Avec un prix de base de Rs 2 000, ces petits chefs-d’œuvre devraient aussi intéresser les Mauriciens.