[Extrait de l'Edition 144]
Fabien Lefébure, directeur général de Solis Océan Indien
L’année 2019 vient à peine de se terminer et laisse encore transparaître quelques vapeurs de scepticisme, de doute et d’incertitude. Avec une certaine légitimité, le léger repli du secteur touristique (-1,1 % en termes d’arrivées touristiques par rapport à l’année précédente) apporte son lot de questionnements dont celui du positionnement de notre destination.
Outre la publication de récentes analyses « d’agences en marketing », dont l’intérêt a été totalement occulté par l’évidence d’une argumentation partisane, nous devons en tant qu’acteurs responsables, tenter d’apporter des réponses et surtout aider à la formulation d’une vraie direction pour notre industrie.
Il me semble tout à fait logique qu’une destination touristique arrivant à une phase de maturité, marque progressivement le pas. Son succès futur réside alors dans la capacité à agir de l’ensemble de ses acteurs. Pour cela, nous avons effectivement besoin d’objectifs clairs, d’une vision concertée et validée.
C’est donc à nous de reprendre la main et d’éviter de justifier une performance mitigée uniquement par des facteurs externes. Coronavirus, Brexit, élections diverses et variées ont un impact certain sur notre secteur, mais leurs effets peuvent être maîtrisés par nos propres actions. Aussi, concentrons-nous sur la redynamisation de notre offre ! Maurice a des atouts dont la plupart des îles avoisinantes ne disposent pas. C’est à nous de les mettre en avant.
Par ailleurs, je pense que nous faisons fausse route lorsque nous axons notre positionnement, ou plus précisément les débats sur notre positionnement, sur des critères tels que « luxe ou pas », « destination haut de gamme ou tourisme de masse » etc.…
À mon sens, le luxe est aujourd’hui une notion galvaudée. Ce qui est sûr, c’est que nous disposons d’une destination de qualité qu’il faut mettre en valeur pour plaire à nouveau aux plus exigeants. Recherchons l’authenticité et pas le surfait, l’émerveillement et la simplicité et non pas le bling bling. Nos visiteurs recherchent le vrai, le beau, des expériences inoubliables et des rencontres sincères. C’est d’ailleurs sur l’accueil des Mauriciens et sur notre hôtellerie que nous avons fait de Maurice une référence internationale. Peut-être avons-nous là déjà les bases de réflexion pour le travail de rebranding souhaité par les autorités ?
Continuons d’innover, en nous appuyant sur les qualités intrinsèques de notre population et sur les attraits de notre destination. Nous devons immédiatement opérer un virage radical en faveur de l’écologie et de la protection de notre environnement. Cela passe évidemment par l’éducation et par la revalorisation de l’éducation civique dans nos écoles. Mais aussi par une réelle volonté politique. Il n’y a pas de demimesure possible à ce niveau, il faut frapper fort et vite.
Ne nous enfermons pas dans l’attentisme et encore moins dans le fatalisme. Bien au contraire. Nous avons toutes les cartes en main pour nous relancer et pour replacer la destination dans le cœur de nos visiteurs.