Depuis cinq ans maintenant, Zulu s’est imposé sur la scène musicale mauricienne. Derrière l’artiste à la voix rauque et prenante, se cache un vrai combatif et un acharné du travail.
Débrouillard, touche-à-tout, l’artiste propose aujourd’hui des excursions en bateau au départ de la plage du Chaland. Il est neuf heures. Avec un album vantant ses excursions, Zulu aborde les clients qui viennent s’installer sur les transats ou viennent de terminer leur petit-déjeuner. Avec une tchatche sans pareil, il engage la conversation sans jamais se décourager par les refus polis. Je respecte le client et même s’il n’est pas très enclin aujourd’hui, je vais nouer une relation qui va peut être l’inciter à venir vers moi plus tard, c’est comme ça que je travaille depuis maintenant plus de 25 ans.
Pourtant, il n’a pas toujours fait ce métier. « Mon père, qui avait une pirogue, ne voulait pas que je prenne la mer. Il m’incita à postuler dans les usines sucrières, la fabrique de thé, et dans bien d’autres entreprises. Rien ne marchait pour moi. Lorsque l’hôtel La Croix du Sud (aujourd’hui le Preskil Island Resort) a ouvert, j’y ai cherché un boulot et on m’a posté au boat house. Je ne connaissais rien aux bateaux et encore moins comment les diriger, mais je ne me suis pas défilé pour autant. J’ai vite appris sur le tas grâce aux conseils de mes aînés comme Jean Claude Farla pour pouvoir me mettre rapidement à mon compte », nous dit-il. À l’époque, Zulu chante déjà et gratte sa guitare sur la plage. Il se produit parfois dans les hôtels dont le Shandrani, mais c’est son bateau qui lui permet de gagner sa vie. Il est parmi les premiers à proposer ses prestations sur la plage du Chaland avec un service exclusif : promenade dans la baie de Blue Bay, dans l’immense lagon de Grand Port, avec des excursions sur l’île de La Passe et l’île aux Fouquets, jusqu’à l’île aux Cerfs, sans compter le shopping àMahebourg.
S’il fait figure de pionnier, l’homme est aussi gagné par la musique, sa passion. Il s’engage à fond, d’abord avec Black Men Bluz, puis dans une carrière en solo. « La musique apporte beaucoup de bonheur mais pas beaucoup d’argent. J’ai un peu délaissé mon travail de plaisancier pour cette passion. Alors que ceux-là mêmes à qui j’avais appris le métier se mettaient à leur propre compte et grandissaient, je suis resté avec un seul bateau et mon fils comme skipper. » Pas de regrets pour l’artiste qui continue de jongler entre sa passion et son métier en ayant foi dans un avenir toujours meilleur. Bon vent Zulu.