Dans le cadre de la visite de presse du site d’Airbus, constructeur des nouveaux avions acquis par Air Mauritius, nous avons eu la chance de séjourner à Toulouse, la ville rose au sud de la France. Si Toulouse est étroitement liée à Airbus, la ville présente des atouts au-delà des hangars géants de l’avionneur. Ville historique à plus d’un titre, elle est aussi un symbole du bon vivre ; cosmopolite, elle est l’exemple même d’une ville européenne bien ancrée dans ses racines et ouverte sur le monde. Le peu de temps que nous y avons passé ne nous a donné qu’une envie : y revenir.
Toulouse est reconnaissable du ciel grâce à ses tuiles rouges. Si quand on arrive à Blagnac, où se trouvent l’aéroport et les usines d’Airbus, les constructions sont modernes, dès que le car pénètre dans les premiers quartiers de la ville on remarque immédiatement qu’aussi bien les logements que les bâtiments publics du centre-ville sont teintés d’une couleur allant du rose léger à l’orange soutenu. Rose au lever, rouge à midi et pourpre le soir, la brique anime à chaque heure du jour et au fil des saisons, les façades de la ville.
Nous avons eu la chance de séjourner dans un hôtel du centre-ville. Ce qui nous a permis, le temps de deux fins d’après-midi, de découvrir ce lieu si riche. Mais déjà l’hôtel, Le Grand Balcon, respire l’histoire. Hôtel mythique des années trente, il a accueilli les pionniers de l’aviation dont Antoine de Saint-Exupéry, Henri Guillaumet, Jean Mermoz sans oublier Pierre-Georges Latecoere, fondateur de l’Aéropostale. Une préfiguration du destin de la ville.
À moins de cent mètres du Grand Balcon, se trouve la célèbre place du Capitole. Tout autour, des artères commerçantes, mais aussi de jolies petites rues, des successions de façades anciennes, des hôtels particuliers, des édifices religieux, et des musées en tout genre, avant d’atteindre les berges de la Garonne. Le soir, Toulouse affiche l’atmosphère sympathique et vivante des villes du sud de la France : il y a du monde dans les rues, aux terrasses des bars et dans les restaurants, où se déguste l’excellente cuisine du sud-ouest.
Capitoulat
La place du Capitole abrite le bâtiment du même nom qui se caractérise par une architecture précise et agréable à découvrir. L’édifice héberge l’Hôtel de Ville et le Théâtre National du Capitole. Les huit colonnes de la façade en marbre de Caunes-Minervois symbolisent les huit premiers capitouls. En ce temps, la ville était divisée en huit quartiers : les « Capitoulats », chacun géré par un capitoul. Cette façade avait pour but de cacher l’ensemble hétéroclite de bâtiments que les magistrats n’arrivaient pas à harmoniser.
Le capitole est connu aussi pour sa cour Henri IV, où le Duc de Montmorency fut décapité en 1632, et la fameuse « Salle des Illustres », inspirée de la Galerie Farnese de Rome. Longue de 60 mètres, elle est classée monument historique depuis 1994. À l’arrière du Capitole, se trouve la statue d’un personnage incontournable de Toulouse, Claude Nougaro, le chanteur qui a immortalisé la ville dans une de ses chansons. Posée à même le sol, la sculpture se prête idéalement aux selfies
Sur la place, se tiennent régulièrement des événements et, lors de notre séjour, c’est un marché de Noël qui animait les nuits déjà fraîches. Des artisans proposaient des produits du pays : saucisses, vin chaud et santons, entre autres, dans une ambiance bon enfant même si le temps était gris avec des pluies intermittentes.
Une visite de Toulouse ne serait pas complète sans avoir été sur le Pont-Neuf, nous ont dit plusieurs personnes. Nous avons donc pris la direction de la Garonne qui traverse la ville. Mais en route, une halte s’imposait à l’ensemble conventuel des Jacobins, une véritable perle d’architecture gothique de la région. Construit du XIIIe au XIVe siècle, il est constitué de l’église des Jacobins, d’un cloître et d’un couvent, tous construits par l’ordre des Frères Prêcheurs.
Basilique Saint-Sernin
C’est ici que l’Université de Toulouse a fait ses premiers pas, plusieurs siècles après sa fondation en 1229. L’église des Jacobins est considérée comme la plus belle Église dominicaine de l’Europe chrétienne. Les proportions de cet édifice religieux sont impressionnantes : 80 mètres de long, 20 mètres de large, des piles de 22 mètres de haut (certainement les plus élevées de l’architecture gothique) et le célèbre palmier, à 28 mètres de hauteur, chef-d’œuvre unique en son genre, avec ses 22 nervures soutenant le chœur polygonal. C’est dans cette église que repose le théologien dominicain Saint Thomas d’Aquin. Pour arriver au Pont-Neuf, nous empruntons de petites ruelles pavées. De petits commerces de ci et là ajoutent au charme de la ville. Parfois, de grandes portes de bois cachent des cours d’où s’élèvent de hautes tours. Ce sont d’anciennes propriétés de riches commerçants aujourd’hui converties en musée ou hôtels particuliers. Nous arrivons enfin au Pont-Neuf qui enjambe la Garonne et relie la place du Pont-Neuf à la rue de la République. En dépit de son nom, c’est le plus vieux pont de la ville encore debout qui enjambe le fleuve. Les autres ont été emportés par les crues. Le pont offre un lieu de rendez-vous incontournable pour les Toulousains. Sur les berges on voit souvent des funambules et autres cracheurs de feu.
La nuit est déjà tombée maintenant et nous gardons pour tôt le lendemain matin, la visite d’un autre édifice religieux important, et non des moindres, la basilique Saint-Sernin. Cet édifice roman, considéré comme le plus vaste de l’Occident, surprend le visiteur par son ampleur et la beauté de sa nef. Érigée à l’emplacement de la tombe de Saint Saturnin, évêque de Toulouse martyrisé en 250, l’abbaye est devenue un symbole pour le monde chrétien et la ville de Toulouse. Ce chef-d’œuvre d’art roman fabriqué en briques au XIe siècle mérite une visite, ne serait-ce que pour honorer le travail d’orfèvre des artistes ayant contribué à sa beauté. Le tympan et la nef laissent les visiteurs sans voix tant le raffinement et l’élégance des lignes sautent aux yeux. La basilique Saint-Sernin est une étape incontournable pour le pèlerinage sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle, sur la voie d’Arles.
Canal du Midi
Non loin de la basilique se trouve une curiosité atypique de la ville mais qui offre une visite très rafraîchissante. Il s’agit d’un jardin japonais. Petit parc élégant de 7 000 m2 , cet espace vert situé à Compans-Caffarelli, quartier d’affaires de la ville rose, est le fruit du mandat du maire Pierre Baudis qui avait découvert les jardins zen lors de ses voyages. Créé en 1981, le Jardin Japonais de Toulouse a été construit sur le modèle des jardins de Kyoto, établis entre le XIVe et le XVIe siècle. Son originalité ne réside pas uniquement dans sa faune orientale, mais bien dans son architecture traditionnelle des lieux de méditation d’Extrême-Orient. Encerclé de haies luxuriantes, ce parc apporte sérénité et calme à ses visiteurs. Le jardin à proprement parler reprend les codes des jardins zen japonais : cascade sèche, pierre des trois saints, mont Fuji, lanterne, île du Paradis… Alliant cadre propice à la méditation et esthétique orientale.
C’est à peu près tout ce que le temps nous a permis de visiter à Toulouse. Mais nous faillirons si nous ne mentionnons pas ce que les trajets en car nous ont quand même permis de voir. Entre autres, une rare trace de la présence romaine, à travers un tronçon de rempart visible à la place Saint Jacques, près du palais Niel. Contrairement à d’autres villes romaines construites en pierre de taille, Toulouse a été obligée d’utiliser l’argile de la vallée pour fabriquer des briques pour ses constructions. Or, la brique est un matériau beaucoup plus facilement réutilisable que la pierre. Les nombreuses reconstructions successives ont été faites sur et à partir des anciens bâtiments romains. Aujourd’hui, la base des édifices romains et des aménagements urbains est enfouie à 3 à 5 m sous le pavé toulousain.
Enfin, comment ne pas mentionner le Canal du Midi. Construit au XVIIe siècle, de 1666 à 1681, sous le règne de Louis XIV, le canal du Midi est le plus ancien canal d’Europe encore en fonctionnement. C’est le commerce du blé qui motiva sa construction. Il relie la Garonne à la mer Méditerranée. Le Canal du Midi s’étend sur plus de 241 kilomètres. Si autrefois son but était commercial, aujourd’hui il est plutôt tourné vers le tourisme fluvial. Depuis 1996, il est classé dans la liste du patrimoine de l’humanité par l’UNESCO. On y trouve sur ses eaux, des bateaux-logements, des bateaux-restaurants et des bateaux de plaisance. En ce mois de novembre, le canal était richement paré de magnifiques platanes aux fleurs dorées. Une vision de Toulouse que nous ne sommes pas près d’oublier.