Plus d’un an après son terrible exploit, la traversée à la nage entre Maurice et La Réunion pour récolter des fonds pour l’association T1 Diams, Lilian Eymeric fait toujours parler de lui. Il a sorti un livre, en décembre dernier, qui retrace son parcours, de ce besoin de toujours dépasser ses limites et ne jamais baisser les bras. Celui qui s’est installé à Maurice depuis 2013, avoue que d’autres défis sont à venir.
On disait de lui qu’il était fou. Oser faire la traversée Maurice – Réunion dans une cage anti-requins alors que la crise requin fait parler d’elle dans les médias. La peur et l’appréhension l’ont toujours animé avant et pendant ce périple. Lilian Eymeric a voulu montrer à sa façon qu’il ne faut jamais baisser les bras et que tout est réalisable. « Il suffit d’y croire. Un an après, j’en parle et je reparlerai de cet exploit aussi longtemps car je veux faire passer un message d’espoir à tous ceux qui souffrent. »
Pour comprendre ce qui a poussé ce français à tenter l’exploit, il faut remonter dans le temps. Ancien sapeur-pompier professionnel à Avignon, formateur risques inondations et catastrophes naturelles, il est un adepte de sports. Le rugby, le triathlon, la natation ont fait partie de son quotidien. « J’ai pratiqué du sport de haut niveau. Je sentais ce besoin de devoir toujours repousser mes limites. » Lilian Eymeric compte plusieurs participations dans de mythiques courses, parmi, le fameux Ultra-Trail du Mont-Blanc ou encore l’Ironman.
Lui qui menait une vie tranquille voit tout basculer le jour où il est envoyé à Haïti. Nous sommes en 2010 et un tremblement de terre dévastateur frappe Haïti. Lilian Eymeric y est envoyé pour venir en aide à la population. Il est confronté au chaos. Une scène qu’il n’a jamais vue de sa vie. « J’ai été touché au plus profond de mon être par ce que vivaient les Haïtiens. Je me suis senti désarmé. Je suis rentré en France avec une seule envie : tout recommencer. »
C’est ainsi que l’idée de venir s’installer à Maurice lui vient à l’esprit. Il pose, en 2013, ses bagages à Tamarin. Maître-nageur à Riverland, il fait la rencontre des enfants de l’association T1 Diams. Cette rencontre le touchera au point où il décide, en 2014, de combiner cette en26vie qui le tenaillait depuis un moment : faire le tour de l’île à la nage pour une bonne cause, nager pour récolter des fonds pour cette ONG. Les 177 km ne lui font pas peur. Les défis le rendent encore plus vivant. Il réussit son pari avec brio et marque les esprits. Peu de temps après, il se lance un autre défi. Il décide de tracter trois canoës avec des enfants diabétiques dessus, de Grand Gaube à Tamarin, soit 57 km. Lilian Eymeric reprend le cours de sa vie jusqu’au jour où le président de T1 Diams lui fait part des difficultés financières de l’association et qui met en péril l’aide aux soins des diabétiques. « Il m’a dit de réfléchir à un projet qui pourrait aider à récolter des fonds. Je me suis fait aider d’internet pour venir avec une idée qui paraissait folle. J’ai appris que la traversée Maurice-Réunion à la nage n’avait jamais été relevée. Mon défi avait été identifié. »
Lilian se soumet à un entraînement très ardu. Il s’entoure des meilleurs pour l’encadrer mentalement, moralement et surtout au niveau de l’endurance. « Je fais également des séances de nuit, un séjour en Thaïlande pour une préparation adéquate car la traversée ne s’annonce pas de tout repos ».
Aujourd’hui avec du recul, Lilian parle de cette peur qui l’a toujours animé. « J’avais peur des requins, peur que je prenne sommeil et que je me fasse emporter par le courant. Il y a aussi eu cette peur qu’on ne m’entende pas appeler au secours car le bateau qui me suivait était à 30 mètres de moi. J’avais aussi cette peur qu’on ne me voit pas dans la nuit… » Malgré cette peur, Lilian n’a pas baissé les bras et a pensé aux enfants qui croyaient en lui. Le résultat : 236 km en trois jours et deux nuits et un accueil qui restera gravé dans sa mémoire.
Cette traversée a donné naissance à un livre, Traverser l’impossible. Un film est aussi en préparation. En attendant Lilian se penche déjà sur d’autres défis. « Pourquoi ne pas réunir les hommes les plus forts au monde et faire une traversée pour conscientiser les gens sur le réchauffement climatique. »