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Albion - Polka, l’unique gardien de phare à Maurice

Si vous vous promenez dans l’ouest du pays et que vous passez par Albion, vous serez sans doute tenté d’aller du côté du phare d’Albion. C’est le seul phare de Maurice, avec celui de l’île Plate, à être toujours en activité. Vous ne pourrez pas le visiter à moins de disposer d’une autorisation des autorités portuaires à Port-Louis. Toutefois, vous pourrez rencontrer son gardien, le seul et unique de Maurice, un personnage haut en couleur, qui veille sur ce phare depuis un quart de siècle, nuit et jour.

Alors que le phare de l’île Plate fonctionne de façon automatique grâce notamment à l’énergie solaire, celui d’Albion a toujours eu un gardien. Avant Polka, de son vrai nom Premanand Moheeputh, c’était Francis Cornell. C’est ce dernier qui recommandera aux autorités portuaires de recruter Polka quand il dut partir à la retraite. Il faut dire qu’entre les deux s’était tissée une longue amitié. Polka venait d’une famille extrêmement pauvre de Petite Rivière. Il venait jusqu’à Albion chercher du fourrage pour ses animaux, des cabris principalement. Cornell lui donnait des menus travaux et lui a appris le fonctionnement du phare. Polka devait aussi faire connaissance avec les officiers de la marine, le capitaine, et les ingénieurs. Et c’est tout naturellement que, quand Cornell partit à la retraite, il recommanda Polka pour devenir le gardien du phare. Et depuis 25 ans maintenant, Polka vit au rythme du phare d’Albion.

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« Je suis debout avant le lever du soleil pour éteindre le phare et mettre un rideau pour protéger la loupe. Au coucher du soleil, j’enlève le rideau et je rallume l’ampoule ». Le principe du phare est assez simple. Au milieu se trouve une ampoule électrique entourée d’une lentille qui fait des révolutions. Cette lentille est actionnée par un moteur (actuellement en réparation).

Il n’empêche que pour faire ce travail, Polka doit monter et descendre tous les jours 100 marches. Durant la nuit, il se réveille de temps en temps pour voir si tout se passe bien. Sa femme le relaye de temps en temps. En cas de pépin, Polka doit alerter les autorités portuaires. Dans la journée, il nettoie la cour, entretient le bâtiment du phare, accueille les officiers de la marine et les visiteurs autorisés. Sinon, il est libre de vaquer à d’autres occupations. Autrefois, Polka s’occupait de ses cabris. « Je m’occupais d’une centaine de cabris, habillé en cow-boy. J’emmenais mon troupeau jusqu’à la prison de Pointe aux Sables ». Mais il a dû cesser cette activité en raison des problèmes environnementaux que ces animaux étaient susceptibles de causer aux résidences qui se rapprochent de plus en plus du phare.

Et puis est venue une période difficile dans la vie de Polka. Sa fille aînée, alors en fin d’études scolaires, est atteinte de la maladie du Lupus. Après ses études, elle trouvera du travail dans une banque commerciale mais la maladie devait l’emporter à l’âge de 23 ans. Aujourd’hui, Polka se console avec sa fille cadette mais ressent toujours l’absence de son aînée.

Heureusement, il lui reste ses amis pêcheurs qui viennent garer leur vélo ou moto dans la cour et avec qui il peut converser quand il ne lit pas son journal ou regarde la télé. Lui ne pêche pas mais les observe souvent du coin de l’œil lorsque ceux-ci tentent de ramener « enn ti kari » de cette mer dangereuse. Certains y ont laissé la vie et il a été témoin de nombreuses noyades. C’est lui qui a souvent alerté la police et aidé à les secourir ou à retirer les corps. Cette mer dangereuse, Polka continue de l’admirer de loin, du haut de son phare où la vue s’étend du Morne au Coin de Mire.

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