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D'où viennent les filaos?

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le filaos n’est pas natif de l'île Maurice. Cet arbre côtier, présent sur toutes les plages mauriciennes, a tout de même une histoire fascinante...

Impossible de se balader sur les plages de l'île Maurice sans apercevoir un filao. Que l’on soit au Nord, au Sud, à l’Est ou à l’Ouest, cet arbre est un incontournable de nos côtes. Face à cette quasi omniprésence, beaucoup pourraient s’imaginer que l'espèce est indigène. Pourtant, il n’en est rien.

Les plus observateurs auront en effet certainement noté que les forêts de filaos présentes sur les côtes mauriciennes n’ont rien de naturel. En de nombreux endroits, comme par exemple à Mont-Choisy, l’on remarque que les arbres se dressent en de parfaits alignements, résultats de plantations massives.

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L'abbé Ronchon, introducteur du filao dans les Mascareignes

En réalité, le filao est originaire des côtes nord de l’Australie, ainsi que de certaines îles polynésiennes et des Vanuatus. Nous devons son introduction à Maurice et à La Réunion à Alexis-Marie de Ronchon, surnommé l'abbé Ronchon, astronome de marine et explorateur francais qui le rapporta de Madagascar vers 1768.

Le filao possède plusieurs caractéristiques remarquables. Extrêmement résistant aux sols salins, sablonneux et pauvres en minéraux, il peut atteindre une trentaine de mètres de haut. Il est surnommé “arbre de fer” à cause de la dureté de son bois, qui est de ce fait aussi résistant au feu. On en fait d’ailleurs un excellent charbon.

Dans certains pays, le filao est considéré comme une plante invasive. L'espèce est connue pour rendre le sol infertile aux autres espèces à cause de l’air salin dégagé par ses feuilles, formant parfois d’immenses zones où il abonde en peuplements mono-spécifiques. Dans d’autres régions, le filao est utilisé massivement pour combattre l'érosion.

Curieusement, alors que l'espèce a été introduite à la même époque à Maurice et à La Réunion, le filao est beaucoup plus abondant à Maurice, alors qu’il a pratiquement disparu de l'île soeur. L’explication est simple: après la conquête de Maurice par les britanniques en 1810, les autorités britanniques ordonnèrent de recouvrir toutes les côtes de l'île de filaos. Les Anglais avaient déjà fait l'expérience des extraordinaires capacités du filao à maintenir les sols meubles aux abords du Canal de Suez.

Craignant que les intempéries ne rongent de précieux mètres de territoire, ils en firent donc de même à Maurice. A La Réunion, c’est une toute autre histoire. Si le filao s’est, comme à Maurice, très bien adapté au climat de l'île Intense, il n’y fut jamais cultivé avec la même intensité. Pire encore: vers 1920, l’introduction chez nos voisins d’un scarabée longicorne originaire de la péninsule indienne, le Celosterna scabrator, a causé une véritable hécatombe. Ce tueur de filaos creuse de profondes entailles dans le bois, et provoque à terme la mort de l’arbre. Résultat: le filao a désormais pratiquement disparu de La Réunion.

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