Le corail noir est l’une des espèces de coraux les plus fascinantes et les plus belles. Très rare, il croît dans les ténèbres des profondeurs, ce qui n'empêche pas certains hommes avides de le piller. Il est en effet très recherché par les joailliers.

Détail d’une branche où s’est réfugié un petit gobie

Imaginez un arbre sous-marin de plusieurs mètres de haut aux longues branches fines et fragiles, d’un noir profond et envoûtant. C’est le spectacle auquel ont droit les plongeurs qui ont la chance de tomber sur un corail noir, l’une des espèces les plus rares du règne corallien.

Ce n’est qu’à sa mort que le corail noir prend la teinte sombre qui lui a donné son nom. Le noir est en effet la couleur du squelette de calcaire sur lequel les colonies de polypes, les bâtisseurs de coraux, élisent domicile. Vivante, l'espèce recouverte de polypes est généralement d’un blanc duveteux, mais peut aussi aller vers le jaune pâle.

Les colonies de corail noir croissent dans les profondeurs, à l’abri des rayons du soleil. Il faut plonger à au moins 30 mètres, ou plus, pour espérer en trouver. Certaines colonies peuvent résider à plus de 400 mètres de profondeur. Les plus grands “arbres” de corail noir peuvent atteindre une dizaine de mètres de hauteur, mais ils sont très rares.

En 2009, une étude scientifique a révélé que certains des plus remarquables spécimens de coraux noirs répertoriés font partie des organismes vivants les plus vieux de la planète. Certains sont âgés de plus de 4 000 ans... Plusieurs espèces sous-marines, dont le gobie et certaines crevettes, vivent dans les branches de corail noir. La demoiselle y dépose également ses oeufs.

Colonie de corail noir.

Un bijou réalisé avec du corail noir.

L'espèce est depuis longtemps très recherchée par les joailliers, qui en font de magnifiques bijoux. Le corail noir est d’ailleurs la gemme officielle des îles d’Hawaii, où on l’appelle “ekaha ku moana”. Il est aujourd’hui sur la liste des espèces en danger. Son exploitation est très réglementée, voire interdite dans plusieurs pays. Dans l'océan Indien, on peut en voir sur certains sites de plongées connus de l'île Maurice, de la Réunion ou de Madagascar. La Grande Île est d’ailleurs le théâtre d’une inquiétante contrebande du précieux corail, où on le surnomme “le bois rose des mers”.

Photo du haut: Un corail noir vivant recouvert de polypes.