Originaire d’Amérique du Sud, l’aloès créole, aussi connu comme chanvre de Maurice ou choka vert, a été implanté à Maurice à la fin du 18e siècle. Cette plante est surtout réputée pour les fibres extraites de ses feuilles qui peuvent être utilisées pour la production de ficelles, cordes, filets, nattes, sacs ou encore de hamacs. L’histoire de l’aloès à Maurice est étroitement liée au commerce du sucre puisqu’on utilisait des sacs goni faits en fibre d’aloès pour emballer et transporter le sucre.
Auparavant, la fibre d’aloès était considérée comme le deuxième produit industriel après le sucre. A l’époque, il y avait de nombreuses plantations d’aloès et plusieurs usines qui traitaient ces fibres. C’était courant de voir un peu partout sur l’île des fibres d'aloès en train de sécher sur les clôtures ou des femmes en train de laver les fibres dans la rivière de Grande-Rivière-Nord-Ouest. Dans les années 1950, environ 7 000 hectares d’aloès, sauvages et cultivés, recouvraient l’île. Quelque 1000 tonnes de fibres étaient produites tous les ans, dont la plupart étaient utilisées pour faire des sacs goni pour l’emballage du sucre.
La production a diminué drastiquement depuis car d’autres plantes sont utilisées pour la fabrication des cordes et des sacs, étant plus solides et plus faciles à transformer. De plus, la fibre d’aloès doit aussi faire face à la concurrence du jute et des matières synthétiques.
Cette plante herbacée vivace, à tige courte et épaisse pouvant atteindre 2 mètres de haut, porte une cinquantaine de feuilles vert vif, plus ou moins souples, densément groupées en rosette. Comme l’aloès n’a pas besoin de grand-chose pour pousser, on en trouve toujours un peu partout, dans les jardins comme plante ornementale, sur des rocailles, des falaises, dans des forêts de filaos. Le faible niveau d’entretien nécessaire à la plante en fait une espèce idéale pour les clôtures vertes et, dans certains pays, on l’utilise aussi pour prévenir l’érosion.
Toutefois, cette plante peut vite devenir envahissante : ses fleurs produisent des bulbilles qui, une fois tombées au sol, assurent la colonisation de l'espèce. Leur enracinement rapide et la multitude de bulbilles contenues dans une hampe forment des peuplements denses et impénétrables qui délogent la végétation indigène. Le chanvre de Maurice est considéré aujourd’hui comme l'une des plantes les plus envahissantes de La Réunion.