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Léoville L'Homme

Léoville L’Homme, père de la poésie mauricienne

Léoville L’Homme. Ce nom nous dit forcément quelque chose puisque dans plusieurs villes de Maurice, à l’instar de Port-Louis, Rose-Hill et Quatre-Bornes, on trouve des rues homonymes. De plus, au bout de l’allée principale du jardin de la Compagnie dans la capitale, on retrouve un buste en bronze, auquel une muse tend une couronne de lauriers, avec une inscription portant ce nom. S’il a été immortalisé à travers un monument, c’est pour une raison : Léoville L’Homme est considéré par beaucoup comme le père de la poésie mauricienne. Poète, journaliste et chroniqueur, il a laissé derrière lui de nombreux écrits.

Léoville L'Homme

La statue de Léoville L'Homme au jardin de la Compagnie

Né à Port-Louis le 7 avril 1857 d’un éminent père journaliste, Léoville quitte l’école à 15 ans pour devenir apprenti typographe dans le journal géré par celui-ci, afin d’aider à subvenir aux besoins de sa famille, plutôt modeste. Très tôt, il se découvre un talent pour la poésie et à partir de là, sa vie est partagée entre cette passion et le journalisme. De la typographie, Léoville L’Homme passe très vite à la salle de rédaction et devient rédacteur à La Sentinelle de Maurice avant d’en devenir le rédacteur en chef à partir de 1883. Il quittera le journal suite à un désaccord avec ses collaborateurs qui faisaient pression pour qu’il modère ses revendications quant aux débats électoraux. En effet, il est pour l’élection d’une partie des membres du conseil de gouvernement, jusqu’alors constitué de fonctionnaires et de nominés, et n’hésite pas à en parler dans ses éditoriaux. Léoville est également l’un des premiers à Maurice à préconiser l’adoption d’une nouvelle Constitution.

Par la suite, il créera plusieurs quotidiens successifs avec son père : Le Droit, La Presse Nouvelle, puis La Défense, mais ils fermèrent tous un à un. Après ces échecs, il décide en 1900 d’arrêter le journalisme et de prendre les fonctions de libraire en chef de la municipalité de Port-Louis. Il put dès lors se consacrer davantage à l’écriture et continua tout de même d’écrire des chroniques, en utilisant le pseudonyme Léon Lauret. Parmi ses œuvres poétiques, « Les Pages en vers », « Les Poèmes Païens et Bibliques », « Les larmes de sainte Scholastique », « La Guerre de Crète » ou encore « Les Poèmes divers ». Ses œuvres témoignent d’un talent admirable toujours plus vivace et sans cesse en progrès. Pour Léoville L’Homme, sa poésie, qui est d’un grand classicisme, est une façon de revendiquer et de démontrer la valeur intellectuelle de la population de couleur à laquelle il appartenait. Il resta en poste à la bibliothèque, qui porte aujourd’hui son nom, jusqu’à sa mort en 1928.

L’un de ses plus beaux poèmes parle des Salines, endroit où il a passé une bonne partie de son enfance.

Les Salines

« Lieux chers à mon enfance, ô quartier des Salines,
J’ai parfois le regret de vous avoir quittés.
Il m’est doux de crier dans vos brises marines
Ce que j’ai su par vous de chastes voluptés.
Oui, je reviens souvent errer sur vos rivages.
Je ne puis oublier tant d’arbres pleins d’oiseaux,
Les vounes des marais hantés de chiens sauvages
Dont les abois roulaient dans la rumeur des eaux.
J’aime vos toits moussus et même vos ruines.
Vous m’appelez la nuit, je vous revois le jour,
Bords aimés où le flot laisse des mousselines,
Sables d’or qu’il roulait jusqu’à la vieille tour !
Océan, c’est ici que ma neuve prunelle
A vu bondir ta houle en orageux éclair,
Et que, sentant soudain en moi s’ouvrir une aile,
Mon rêve a pris l’essor dans ton grand souffle amer. »

(Poésies et poèmes, 1926).

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