14 heures piles à la rue Raoul Rivet, à Port-Louis, dans le Ward IV. Mala Mudhoo a à peine ouvert sa boutique que son premier client apparait déjà, à la recherche de « gatos diluil soso ». A partir de là, elle n’entendra plus que « Donn mwa dé dipain frir, trois gato pima ar ou », « Mo kav gagn Rs 100 gatos ? », « Ou ena arouille ? », « Mett enn tiguit satini siouplé », avec des variations, pendant les quatre prochaines heures. On a beau savoir que ce n’est pas le goûter le plus « healthy », on beaucoup de mal à résister à des « gatos bringel » dans un pain maison, avec du beurre, accompagné d’une bonne tasse de thé.
Des « gatos frir » (beignets) aux oignons, au chou, à l’aubergine, aux pommes de terre, au fruit à pain, des « baja pima », des « chanapuri » et, bien entendu, les best-sellers dans nos rues : les gâteaux piment et « dipain frire », le tout accompagné d’un « satini cotomili » (chutney à la coriandre) et de piment écrasé. C’est ce que Mala et ses deux employés préparent et vendent depuis quelques années déjà. Ils ont commencé la préparation le matin afin de faire face au flot incessant de gens qui déferleront durant l’après-midi, toutes communautés confondues, de divers horizons et de tous âges. On voit aussi bien des travailleurs qui viennent des chantiers, les vêtements maculés de peinture, que des infirmières de l’hôpital Jeetoo en uniforme à pied, des jeunes garçons à vélo, ou encore des dames, bien apprêtées descendant de leurs voitures.
Car, il faut le dire, pour les Mauriciens, les « gatos diluil » sont incontournables. Ils sont prêts à attendre 15 minutes sous la pluie pour repartir avec un « cornet » rempli à ras bord de « gatos soso ». D’ailleurs, Mala nous dit que c’est lorsqu’il pleut qu’elle a le plus de clients. En fait, qu’il pleuve, qu’il fasse une chaleur d’enfer ou que le temps soit gris et froid, il y a toujours du monde. « Ena dimounn ki vini tou le zours », laisse entendre Mala.
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Ce sont souvent les gens qui travaillent ou vivent dans les environs mais il y a également certains qui, en sortant du bureau à Ebène ou Vacoas, passent prendre des « gatos diluil » avant de rentrer chez eux. Mala raconte qu’il y a même certains qui passent de grosses commandes, mettent le tout au congélateur et emmènent ces fritures dans leurs valises lorsqu’ils vont rendre visite à des proches qui vivent à l’étranger. Après tout, des « gatos diluil » comme ceux-là, on n’en trouve pas partout !